Février 2024
Le chant requiem est un chant religieux funèbre. Il rend compte de l’état d’esprit des vivants face à la mort, invincible et éternelle. Le requiem est une performance verbale face à la mort… pour mieux célébrer la vie. De toutes les vies. Et de celles des noirs, en particulier. L’événement de la mort tragique de Georges Floyd a réveillé un grand mouvement de protestation pour rappeler un peu partout à travers le monde que « la vie des noirs compte ». En Afrique et ailleurs, se posent également l’urgente question concernant « la dignité des noirs ». Ce supplice tragique du noir, filmé en direct, a aussi disséminé les actes d’une remise en cause de certaines figures historiques racistes présentes dans l’espace public. Nous pouvons en citer plusieurs exemples à travers le monde, avec les statues du Gouverneur colonial le Général Louis Faidherbe, à Saint-Louis du Sénégal, celle du Roi des Belges Léopold II à Bruxelles, de la statue David de Pury à Neuchâtel en Suisse, etc. Dans les éléments plastiques constitutifs de cette exposition, BLACK REQUIEM associe harmonieusement une diversité de styles portée à travers des propositions visuelles, sonores et graphiques. Sculptures métalliques installées, pour imiter la rage du genou d’un policier sur le cou d’une victime sans défense, peintures et représentations figuratives de personnages historiques, en grands formats, offrent une palette en bichromie autour des valeurs picturales du noir et du blanc. De ces atmosphères de dualités, graphique et thématique, l’artiste fait pivoter des chaises convoitées qu’il dessine et tisse autour d’une diversité de personnages féminins. Un chant d’hommage est ainsi rendu aux figures emblématiques des grandes luttes de liberté. Partout à travers le monde, au-delà des clichés chromatiques. Dans la représentation des figures féminines de cette exposition Black Requiem, l’image du corps ne peut être confinée dans un érotisme étroit. En Afrique traditionnelle, le sein nourricier est un lien ombilical qui recentre les liens du Pouvoir. Le pouvoir matrilinéaire des reines du Walo, du Djolof, du Sine, du Saloum, de la Casamance, etc. Dans les logiques de l’anthropologie du corps, le sein érotique est une importation de la culture occidentale pour nos peuples africains. Ces images de chaises fixées, tournées, virevoltées, renversées, inversées, portées, etc. autour d’une présence de personnages féminins est une allégorie du pouvoir politique, économique et social. Face à la violence du discours raciste de plus en plus vécue, « ODIA » convoque le discours égalitaire qui restaure les équilibres. Face aux images dégradantes qui rappellent le lourd poids de l’histoire et des humiliations, il propose la mise en espace d’images mobilisatrices autour du dialogue. Sa dernière contribution artistique, manifeste pour contrer la présence de la statue de David de Pury dans l’espace public de la ville de Neuchâtel, en Suisse, a porté sur un projet de réalisation d’une installation sculpturale pour encercler littéralement ce buste, réalisé en 1795 et sculpté sur le bronze pour célébrer un négociant d’esclaves, banquier, hommes d’affaires et bienfaiteur de la ville. L’année 2020 sera l’année des déboulonnements de certaines statues qui rappellent l’esclavage, les injustices sociales et autres humiliations raciales. Les années suivantes à la mort de Floyd ont également propulsé et mobilisé un discours de réhabilitation, ou de célébration, d’une imagerie historique qui s’impose au grand jour pour mieux larguer les images choquantes qui divisent dans les poubelles de l’histoire. Dans ce travail d’invention et d’inventaire des figures d’une nouvelle imagerie militante et progressiste, les œuvres de « ODIA » convoquent des chapitres historiques qui associent des faits de résistance face à la répression. Du « genou de la haine », lourdement posé sur le cou haletant et suffocant de Georges Floyd, Ousmane DIA convoque le rappel du geste héroïque de Rosa Parks, dans sa ferme revendication du droit de ne pas céder son siège dans un autocar public. L’adoption d’un troisième amendement par le Congrès américain, pour une abolition de l’esclavage notifiée dans la constitution des Etats-Unis en 1865, aura valu au Président Lincoln, défenseur du projet, d’y laisser sa vie autour d’un sombre assassinat. La résistance de Rosa Parks s’inscrit dans cette continuité historique, contre la ségrégation raciale. De part et d’autre, il est curieux de constater à quel point les soulèvements populaires du « Black Lives Matter » ont influé sur le regard et la conscience que certains ont sur les pratiques néocolonialistes actuelles. En Afrique en général, et au Sénégal en particulier, cet élan de contestation populaire est mené par des intellectuels, artistes et hommes politiques qui ont osé remettre en cause certains paradigmes. Que ce soit sur la question du Franc CFA, de l’intangibilité du droit et des textes constitutionnels, et sur tant d’autres, une vague décoloniale est en mouvement. Elle nous réserve des surprises, de jour en jour. C’est une véritable révolte des « subalternes » qui ont enfin osé prendre la parole. Il faudra savoir les écouter, les comprendre et rétablir un dialogue sincère afin d’apaiser des cœurs meurtris. Nous en avons besoin. BLACK REQUIEM est une invitation au dialogue, pour reconstruire une paix de plus en plus menacée un peu partout à travers les segments de la vie.
30 décembre 2017
Ousmane DIA a décidé de marquer le début de cette nouvelle année en nous offrant sa première
exposition en solo, dans son pays natal.
Il l’a, fort à propos, intitulée « Maturité » car elle constitue une sorte d’aboutissement
de son processus créatif, une forme de quintessence, apportant des éléments de réponse aux
trois questions fondamentales de l’humaine condition, « d’où venons-nous, qui sommes-nous et
où allons-nous » !
Dès sa sortie des Beaux-Arts de Dakar en 1997, où ce natif de Tambacounda, dans l’est du
Sénégal, était entré sous l’influence de son regretté compatriote et mentor, le peintre
Jacob YAKOUBA, Ousmane DIA se dirige vers la Suisse pour un approfondissement de sa
formation.
Et il y est resté !
La Suisse, qui est devenu sa deuxième patrie, l’a accueilli, intégré, épousé, et il y
partage sa vie entre enseignement et création.
Plusieurs de ses œuvres y ont fait l’objet de commandes publiques et se trouvent dans des
espaces (places, ronds-points etc.) d’où chacun peut les contempler et les apprécier.
Ousmane DIA est sculpteur et ne se livre qu’à cette forme d’expression artistique.
Dans le monde des connaisseurs, il est « l’homme des chaises » !
Tout est parti par hasard, comme toutes les grandes passions, peu après son arrivée en
Suisse, lorsque cherchant des matériaux de récupération dans une décharge publique, il tomba
sur un lot d’une cinquantaine de chaises de camping qu’il emporta.
Encouragé par un de ses enseignants, il découvrit au fur et à mesure toute la symbolique
attaché à la chaise, objet de repos, objet convivial, mais qui peut également être trône et
donc objet de pouvoir.
Depuis lors, son œuvre toute entière peut s’intituler « variations autour de la chaise »,
tant celle-ci est omniprésente dans sa production.
L’artiste travaille essentiellement, sinon uniquement, le métal qu’il façonne et assemble
dans la gerbe d’étincelles que l’on associe volontiers à cette forme d’activité.
Pour lui, au-delà de nos fatigues passagères et de nos besoins de partage, le fer soutient
aussi nos constructions, même s’il est noyé dans le béton, il est à l’origine de tout
édifice, véritable colonne vertébrale du monde qui nous entoure.
Mais cette thématique de la chaise métallique, tend à s’estomper, à évoluer, dans l’esprit
et la production du créateur.
Longtemps objet même de l’œuvre d’art, elle n’en est plus, et de plus en plus, qu’un
accessoire symbolique, qui, de plus en plus souvent, perd son statut de siège sur lequel on
peut prendre place, pour devenir une allégorie, une allusion, que l’artiste partage avec
nous.
On ne peut plus s’asseoir sur les chaises d’Ousmane DIA !
Pourtant symbole habituel de stabilité, ses chaises s’épurent, prennent leur indépendance et
participent de ce déséquilibre de l’ordre du monde qu’elles exaltent ou qu’elles dénigrent.
Leurs pieds d’inégale longueur, ou dont il manque un élément, lorsque ce n’est pas la simple
représentation de leur silhouette, montrent assez bien le numéro de funambule et d’acrobate
auquel se livre l’artiste, jonglant avec les formes pour leur donner à s’exprimer autrement.
Et ses cascades de chaises miniatures, dans des équilibres de plus en plus incertains, ont
la grâce et la légèreté d’une arabesque dans l’espace infini.
Assise et sièges, les chaises deviennent aussi métaphoriquement, ceux de la pensée humaine
et font office de cerveau pour les personnages qu’il crée et qui occupent notre espace
visuel.
Tel est le cas de l’installation qu’il a choisi de nous proposer, constituée exclusivement
de 365 (comme autant de jours de l’année à venir) grands personnage de métal, dans une sorte
de mouvement de marche et dont les têtes sont représentées par des chaises.
Tout à leur avancée, ces personnages convergent autour d’un cercle inscrit au sol et qui
reprend l’article 10 de notre Constitution :
« Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement par la parole, la plume, l’image, la
marche pacifique, pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à
la considération d’autrui, ni à l’ordre public. »
La référence à la Constitution du Sénégal et le choix de cet article ne sont pas le fruit du
hasard.
Artiste engagé dans la vie sociale et donc politique, de son pays, il entend magnifier la
liberté, sinon même l’obligation, de s’exprimer.
Mais, homme d’ordre dont la vie helvétique n’a fait que parachever la structuration, et de
quelle manière, il insiste sur la dernière partie de la phrase : « […] pourvu que l’exercice
de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui, ni à l’ordre
public. »
En convergeant vers cette formule, cette foule de diverses tailles, mais qui a un air
d’humanité fraternelle, manifeste et son adhésion à cette vision, et son intention d’en user
sans hésitation, mais dans les limites d’auto régulation qui font appel, précisément, à la
conscience de soi et de l’autre, de tous les autres, y compris ceux que l’on porte en soi.
La particularité de cette installation que l’effet d’accumulation pourrait rendre
oppressante, est qu’elle est « ouverte ».
L’artiste, qui occupe tout l’espace de la Galerie Nationale de Dakar où elle est disposée,
n’a pas souhaité qu’on l’appréhende de l’extérieur, mais, bien au contraire, qu’on l’intègre
et qu’on s’y intègre, en ménageant des cheminements et des passages au milieu des œuvres.
Œuvre d’art dans laquelle on peut entrer, dans laquelle on peut circuler, dont on peut faire
partie intégrante pour converger vers un idéal de liberté, cette installation très forte est
tout à la fois à voir et à penser et à pénétrer, faisant du spectateur, sans qu’il en prenne
forcément conscience, un acteur, ou mieux, un élément de la construction collective, telle
que l’artiste l’a voulue.
Ce n’est pas par hasard s’il l’appelle « La maturité de mon peuple », jouant tout à la fois
sur sa maturité artistique d’homme dans la plénitude de sa vie et sur la nôtre.
Il nous fait la démonstration par les actes, de notre propre engagement sur cette voie,
parfois complexe, d’une maturité qui est autant la sienne que la nôtre, individu et
collectivité.
Où allons-nous ?
Ousmane DIA songe déjà au futur, aux thématiques qui le tenaillent et dont jailliront
forcément d’autres œuvres d’une force au moins équivalente.
Il tient à conserver son statut de témoin de son temps et de ses misères, de la violence, de
la promiscuité, surtout en univers carcéral, ce grand sujet tabou, mais aussi des joies,
trop fugaces, qui sont les nôtres.
A l’image d’un acrobate d’un cirque improbable, il jongle avec les chaises, quand ce ne sont
pas elles qui jonglent avec lui, et il poursuit sa route jusqu’à n’être plus qu’un point
abstrait, mais lumineux, sur la ligne de l’horizon.
Date: Janvier 2018
Je salue ici Ousmane Dia, l’artiste et je salue aussi l’homme engagé, l’observateur éclairé,
le bâtisseur de ponts. Un homme d’action qui n’a de cesse de soutenir et rassembler ses
semblables.
Déjà reconnu internationalement, nous sommes fiers d’enfin l’accueillir pour sa première
exposition individuelle au Sénégal.
Il vient nous présenter sa dernière œuvre,
spécialement conçue pour l’occasion: «La Maturité de Mon Peuple». Une installation
magistrale et puissante composée de 365 hommes de fer, tout droit sortis des ateliers de
Tambacounda, sa ville natale, et en marche vers la liberté dans le respect des lois.
Cette œuvre reflète la maturité de son art, la force de son discours. Les œuvres d’Ousmane
Dia nous parlent et nous questionnent.
Elles ouvrent le débat sur des sujets de
sociétés essentiels pour nous peuple sénégalais et nous peuple humain.
Ousmane Dia vient ainsi rejoindre la cour des grands sculpteurs sénégalais. C’est une voix
qui s’élève qu’on n’a pas fini d’entendre.
Date: Janvier 2018
Revendiquant fièrement ses racines sénégalaises et son appartenance à cette Suisse qui
cultive au plus haut point le respect de la différence et de la complémentarité des
cultures, Ousmane Dia artiste plasticien, diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Dakar et de
l'Ecole Supérieure d'Arts Visuels de Genève est un produit exemplaire du dialogue
interculturel.
L’intégration, on le sait, ne peut naitre, pour ceux qui choisissent la passionnante
aventure de vivre dans un pays étranger, de la contemplation exclusive de l’identité
originelle, terreau des ghettos et de la xénophobie.
Né Sénégalais devenu Suisse, Ousmane Dia l’a bien compris qui a accepté de vivre toutes les
difficultés de l’accueil, aux sens actif et passif, pour faire de la rencontre avec un autre
monde et d’autres cultures une source constitutive et permanente de richesses.
Aller vers l’autre sans se renier mais dans une démarche d’empathie sincère ne peut avoir
pour origine et comme moyen que les choix assumés, c’est-à-dire la liberté. Cette liberté
qui est au centre de la création d’Ousmane Dia et dont il veut faire de son œuvre une Ecole.
Reflet, à la fois, de tout ce qui exalte ou pourrait renforcer les droits de l’homme et
l’épanouissement des peuples, les œuvres de l’artiste immortalisent ce qui dans l’actualité
interpelle notre conscience et doit stimuler notre réaction.
Auteur d’une œuvre internationalement réputée, Ousmane Dia a été accueilli, à travers ses
sculptures, dans les plus grandes capitales mondiales.
Cette première exposition individuelle dans son pays natal est donc assurément un évènement
qui fera date.
Nous lui adressons ici nos encouragements et profitons de l’occasion pour renouveler notre
indéfectible engagement à soutenir les artistes conformément à la vision du Président de la
République dans son discours du 19 décembre 2017, au Grand Théâtre à l’occasion de la
cérémonie de remise des Grands Prix du Président de la République pour les Arts et les
Lettres :
« Je voudrais partager avec vous ma vision de la Culture, celle d’un Sénégal dans lequel,
les artistes vivent décemment et dignement de leurs talents, participent pleinement à la
consolidation de l’identité et de la cohésion nationale par la promotion de la diversité
culturelle, de la paix et de la démocratie, à l’essor économique de notre pays et à son
rayonnement international ». Fin de citation.
Date: Janvier 2018
One says that "Art is a way of living one's life” and here is the man who does just that.
Ousmane Dia is a man with an immense artistic vision.
Through his art, he is carrying a message from his people around the world. The difficulty
of life, the complexity, the inequalities of justice and the hope that one day all will be
well.
He created in this exhibition, filled with wonderful symbols, a vision of strength, a
determined population and focused on the goals of life, and a people moving to new horizons.
While the structure is strong and noble, well anchored in his land, Senegal, it exposes the
sensitivity, humility and dignity of his journey in life.
It has been a pleasure to meet Ousmane, to learn from him and to support him for all these
years, as his art and personality have grown and evolved. He is a man of the future,
he is one of those remarkable people who will change the lives of those around him.
My sincere congratulations for this wonderful exhibition!
Date: Janvier 2018
Il est des hasards heureux car c'est au volant de ma voiture que j'ai
découvert l'artiste Ousmane Dia. Précisément en faisant le tour d'un giratoire où l'une de
ses œuvres – La Naissance d'un monstre (2016) – était exposée. Difficile de la manquer
puisqu'il s'agissait d'une sculpture monumentale de couleur rouge vive, composée de
différents objets métalliques se déployant à partir d'une chaise.
Son travail très personnel et original m'a tout de suite plu. Il constitue une synthèse
entre des pratiques artistiques africaines et la statuaire occidentale. J'ai suivi mon
instinct et suis entré en contact avec lui pour mieux comprendre les messages qu'il nous
délivre.
Persuadé du talent d'Ousmane Dia, j'ai voulu soutenir sa première exposition personnelle au
Sénégal, pays qui est cher à mon cœur..
Date: Septembre 2015
O.Dia l’équilibriste, entre deux mondes, entre deux cultures, entre deux courbes. O.Dia sait
jongler avec le déséquilibre inhérent à la vie, avec ce paradoxe de la création qui veut
que, sans tension entre les opposés, entre les pôles, nulle vie.
O.Dia le passionné exprime avec beaucoup de talent dans ses sculptures ce monde en fragile
équilibre, si souvent mis à mal, déstabilisé et qui pourtant tient debout. Les chaises
grimpent, s’élèvent, sont projetées, chacune concernée par sa position, qu’elle veut la plus
haute possible, mais s’élever comporte le risque de tomber. Le pouvoir change de visage mais
reste au pouvoir. Les opprimés d’aujourd’hui seront les oppresseurs de demain.
Apparaît la lueur d’espoir, dans cet « Arbre » réunissant les hommes en son sein pour
échanger et partager, tradition africaine d’hospitalité et de dialogue.
Egalement ce « Couple » unissant l’homme et la femme qui s’ouvrent au monde extérieur dans
une totale liberté d’expression de leur identité pour se rejoindre sans pour autant
fusionner, dans une matrice harmonieuse et non emprisonnante.
Ses chaises deviennent le support calligraphié de son œuvre graphique pour cette fois
traiter du thème de l’excision, pratique aujourd’hui en voie de disparition dans son pays,
le Sénégal, mais qui a laissé des traces sanglantes dans tous les continents. La femme
mutilée, atteinte dans son intimité, se relève. Son essence et sa force féminine se
déploient au fil de son processus de transformation.
O. Dia, artiste engagé, a choisi de garder son indépendance pour se donner toute liberté de
provoquer, interpeller et sa ténacité s’exprime avec autant de force dans son parcours de
vie que dans son travail artistique.
Date: Avril 2009
La chaise est partout symbole de pouvoir et d'autorité mais aussi d'hospitalité. Dans cette
série des Chaises, les références aux pouvoir sont omniprésentes. La chasse au pouvoir,
l'usurpation de pouvoir, la mégalomanie du pouvoir, autant de causes de dérèglement, de
déséquilibre de nos sociétés. On peut aussi interpréter ces pièces comme des Tour de Babel
où la communication est devenue impossible que ce soit au sein de la famille ou entre les
nations, lorsque chacun reste campé sur sa position et que le manque d'équilibre entraîne la
confusion...
« Ascenseur présidentiel », « Pouvoir et opposition », « Putch », « Chute des dictateurs »,
« 50 ans sous perfusion », « Poids d'une nation », « Arbre à palabre », ...les titres
explicites d'Ousmane Dia nous donnent quelques clés de lecture comme la magnifique pièce « A
Wounded Woman is a Wounded Nation » (Une femme blessée est une nation blessée) une structure
bancale reposant sur une chaise – une société bancale reposant sur une femme meurtrie...
Mais on pourrait s'asseoir longuement sous « L'Arbre à Palabre » - où il y est certainement
plus question d'hospitalité et de dialogue et où chaque siège est intrinsèquement liée é
l'autre – pour débattre du discours qui se dégage des Chaises d'Ousmane Dia.
La grande force de ce travail est justement une adéquation parfaite entre la recherche
plastique, purement formelle – recherche d'équilibre – épuration de l'objet symbole – et du
discours. Chacun faisant référence à l'autre.
Aussi ne peut-on voir dans ce siège unique la métaphore d'un monde égalitaire ?
Date: Juin 2008
Il n’y a d’art que l’impérieuse volonté de changer la réalité, pas de réalité..
La matière fatale, immuable va devoir céder à la forme humaine, l’ordre des choses à la
justice.
La négociation, quoi d’autre, le sang ?.
La démocratie, quoi d’autre, des droits divins, encore des accents d’une nature aux voies
impénétrables ?.
Et les chaises qui virevoltent autour de tables jusqu’à l’écoeurement, jusqu’au coma.
Tourbillon incessant dans des contextes somptueux ciselés habillés de feuilles d’or, à
l’image du rêve d’un monde d’équité entre humains, rêve d’harmonies. Temples de
l’inaccessible, dévolus à l’ordre des choses…, stuc mensonger.
L’équité allons donc, rêve pittoresque de gens trop simples ?.
Et ceux-là, joueurs de cartes à la démocratie, avec leurs règles chaque fois opportunément
réécrites et la feinte et le mensonge prétendus de bonne guerre et l’humanité qui souffre.
Il n’y a d’art que l’impérieuse volonté de changer les choses
Tourbillon incessant de chaises et de tables, grandes chaises, petites chaises, discours
solennels toujours plus généreux plus alarmés, larmoyants, impuissants.
Contextes fastueux, décors grandioses car rien n’est assez large pour réussir à cacher la
révoltante, l’insupportable réalité.
La révoltante famine, famine de justice, celle-là même qui dispute à la vie des uns si
nombreux ce qu’il faut au superflu des autres, quelques élus de droits divins.
Grandes chaises petites chaises alors que les culs de l’humanité dament la poussière rampant
dehors eux.
Rampant, entends ce qui est fait aux consciences tant qu’à la chair.
Et si les chaises et les tables n’y pourvoient plus et si le mensonge ne tient plus, la
révolte doit s’imposer tant le monde doit changer, il n’y a d’art que l’impérieuse volonté
de changer la réalité, pas de réalité.